Nous étions un peu étonnées ce jeudi là, Marie-Gabrielle et moi. Nous avions travaillé tout l’été et, gagnées par l’indolence d’un mois d’août à Paris, nous avions fini par oublier que la Ville ne nous appartenait pas. Le silence de la capitale estivale avait cessé soudain et il me semblait que nous nous retrouvions projetées sur le macadam d’une ville étrangère ce premier jeudi de septembre. Il faisait encore chaud mais le soir tomba bien plus tôt qu’hier et notre séance photo pour vous présenter le pantalon Port de Pauline Alice prit soudain les teintes des lumières bleues et chaudes d’un soir de rentrée.
Pourtant, quand nous avions chacune choisi notre tissu pour une première version de ce chino un peu garçonne, nous avions opté pour un denim souple, nonchalant, ni trop épais ni trop fin…bref, nous avions imaginé un jean vagabond pour errer sur les rives de la Seine augustine.
Ce faisant, nous avons pris quelques libertés dans l’interprétation du patron : s’il est vrai que le pantalon Port s’accommode merveilleusement d’un denim, il est néanmoins important de préciser qu’il n’a pas été pensé comme un jean. C’est un chino et la forme des poches côtés ou la construction du dos correspondent à celles d’un pantalon et non d’un jeans (le dos ne comporte pas d’empiècement par exemple).
Puisque nous avons toutes les deux fait le choix d’un denim, nous avons chacune à notre manière tenté de reprendre certains marqueurs esthétiques du jeans.
Commençons par les surpiqûres jaunes orangées sur la version de Marie-Gabrielle. Vous pouvez voir qu’elles font très bien illusion alors qu’elles ne sont pas réalisées avec du fil en coton épais mais au point triple avec un fil polyester normal. Le point triple est un tout petit peu plus délicat à maîtriser dans les courbes mais il offre un rendu très similaire à celui d’une belle surpiqûre. La plupart des machines à coudre familiales disposent d’un point triple.
De mon côté j’ai utilisé un fil épais (polyester épais de chez Gutterman) pour les surpiqûres.
Petite astuce technique si vous voulez avoir des surpiqûres avec un espacement régulier : il suffit d’utiliser une aiguille double jeans.
Pour en finir avec les surpiqûres, en observant mes autres paires de jeans, j’ai noté qu’elles étaient souvent surpiquées au niveau de la ceinture, des passants et du haut des côtés du pantalon. J’ai donc bêtement copié ce que j’ai pu observer.
Dans les deux cas, nous avons choisi de faire des coutures rabattues à l’entrejambe. Marie-Gabrielle a aussi souligné la fourche arrière. Quant à moi, j’ai opté pour des coutures rabattues à l’entrejambe, sur la partie arrière de la fourche et j’ai décidé de réaliser une fausse couture rabattue sur la fourche devant. Le montage de la braguette aurait rendu plus compliqué la mise en place d’une vraie couture rabattue : j’ai donc simplement réalisé une double surpiqûre).
Je n’ai pas de pied ourleur (ou pied pour ourlet roulotté) mais j’ai souvent lu que c’était un instrument très pratique pour réaliser facilement les coutures rabattues….c’est sans doute plus facile de s’aider d’un tel instrument : le repli de la couture rabattue est réalisé par le pied, c’est précis et cela vous évite de vous brûler les doigts avec le fer à repasser.
Enfin, si vous choisissez de réaliser ce pantalon en denim ou dans un tissu assez épais, pour gérer aisément les épaisseurs vous pouvez vous aider d’une plaque élévatrice (souvent fournie avec les machines) ou appliquer la petite astuce que j’explique dans mon cours gratuit de couture en ligne sur Artesane : si ma mémoire est bonne c’est à la fin de la leçon 4, vous pouvez créer avec un tissu replié un semblant de plaque élévatrice qui fera très bien l’affaire.
(Petite parenthèse : À ce propos, je tenais à vous recommander l’excellent manuel de Christelle Beneytout chez Eyrolles, Guide de Couture à la machine à coudre. Pour moi c’est un livre encore plus précieux que celui portant sur la surjeteuse (ce qui s’explique sans doute par mon amour immodéré pour ma machine à coudre). C’est un livre qui vous permettra d’exploiter réellement les possibilités de votre machine à coudre et qui fait la part belle à des sujets que l’on sous-estime trop souvent : les aiguilles, les pieds presseurs, les finitions des coutures, les outils dont on peut s’aider. J’en ai fait l’acquisition récente et même si j’avais eu l’occasion de creuser ce type de sujets auparavant, j’ai appris énormément : chaque machine à coudre qui vit quelque part dans une gentille maison devrait être accompagné de cette bible).
Reprenons notre découverte du patron Port de Pauline Alice. Très franchement, Marie-Gabrielle et moi partageons le même avis : nous avons été étonnées par le seyant de ce pantalon. En terme de patronage, je trouve que le pantalon est vraiment l’une des pièces les plus difficiles à standardiser. Dans le commerce, je suis souvent à la recherche du pantalon parfait (la forme peut varier, ce qui me pose problème c’est plutôt le seyant) : et pour cause, cette recherche diffère pour chaque personne, un pantalon tombe différemment selon notre cambrure, la hauteur de notre ligne de taille, la forme de nos hanches…bref, chaque pantalon devrait être sur-mesure. Dans le cas de ce chino, je trouve que le pari est réussi pour Marie-Gabrielle comme pour moi. Nous n’avons pas modifié le pantalon et même si nos morphologies sont différentes, le résultat est convaincant : cela signifie que la base est très réussie et qu’elle sera facile à adapter à différents types de morphologie.
Nous avons fait la même erreur Marie-Gabrielle et moi : réaliser notre taille dans un tissu jean… C’est paradoxal car c’est une erreur que je ne fais jamais quand j’achète un jean en magasin.
Le patron de Pauline est bien taillé donc une fois cousu, nos jeans étaient à notre taille. Nous avions chacune lavé trois fois le tissu avant de le découper pour éviter tout rétrécissement (et oui, un jean doit être décati plusieurs fois !). En revanche nous n’avions pas pris en compte le fait que ce type de tissu se détend beaucoup une fois porté…et cela n’a pas manqué : notre tissu s’est détendu après quelques jours et notre pantalon est un peu trop grand. Pour éviter ce type de problème pour une seconde version en denim, je n’hésiterai pas à choisir un 34 plutôt qu’un 36 car encore une fois car le Port va parfaitement à ma morphologie et mes mesures en 36 donc le but n’est pas de le retoucher mais bien de tenir compte de l’évolution d’un tissu comme le denim.
Le patron de Pauline est proposé en deux versions (et bien entendu toutes ses déclinaisons de poches) : vous avez le choix entre un pantalon et un short, des poches plaquées avec ou sans fermeture éclair dans le dos, des poches italiennes ou non sur le devant.
La braguette est montée à gauche comme c’est souvent le cas sur les pantalons esprit boyish ou les jeans : les braguettes se portent alors du côté masculin (pour vous en souvenir c’est le côté du coeur!).
Il est pensé pour convenir à des tissus sergés (coton ou laine) comme des gabardines, des denims, des twills… Je travaille sur une version hivernale dans un lainage à chevrons : je me demande si je ne piquerai pas les poches passepoilées du Sorell pour cette version.
Je trouve très élégants de porter l’ourlet retroussé pour accentuer son esprit un peu « garçonne ». Pour le short, un ourlet simple suffit !
Cela ne vous étonnera pas, mais une fois de plus, les explications de Pauline sont parfaites. J’avais déjà eu l’occasion de monter plusieurs braguettes et ce de différentes manières…on pourrait donc penser que l’habitude me permet de comprendre les explications plus rapidement et que cela influe sur mon jugement. Pourtant Marie-Gabrielle m’a avoué qu’elle était moins habituée à la couture des pantalons et qu’elle avait été assez bluffée par la qualité des explications. Elle n’a eu aucun souci non plus pour la construction de la braguette qui est la difficulté majeure de ce patron.
Marie-Gabrielle a vraiment eu le sentiment de découvrir les patrons de Pauline avec le Port (et la jupe Safor dont vous pouvez voir sa magnifique version sur Instagram. À ses yeux les patrons de Pauline permettent vraiment de laisser libre cours à son imagination car ils offrent un cadre rigoureux, précis, féminin et bien coupé…bref mon amie s’est complètement « paulinisée » ces derniers temps…et moi je trouve qu’elle a bien raison !
Pauline propose deux pantalons, le Sorell et le Port : je pense que pour un premier pantalon, le Port est plus accessible car il est plus facile à porter au quotidien et à coudre. Si vous hésitez entre les deux, commencez par celui-là, vous serez prête pour affronter sereinement le Sorell ensuite !
Le nécessaire
Nécessaire | Description | Coût et niveau en couture |
---|---|---|
Tissu et fournitures | 1m50 de denim souple trouvé chez Frou Frou Mercerie 1 bouton Du fil Gutterman épais (bobine de 100 m en polyester) 25 cm de thermocollant de chez Stragier (DS2) | Les deux denims avaient été trouvée chez Frou Frou Mercerie à Montmartre s à 13 euros le mètre. La doublure des poches provient de chutes de mon stock (Langes les trouvailles d’Amandine) Total : aux alentours de 22 euros |
Patron | Patron Port par Pauline Alice (disponible en français, anglais et espagnol) | 8 euros en PDF Attention, il n’existe pas en version papier pour le moment |
Modifications | Aucune. | Les explications de ce patron sont très claires et des tutoriels sont disponibles sur le blog de Pauline. C’est un bon candidat pour un « premier « pantalon ! |
En un mot comme en mille donc, un grand bravo à Pauline de la part de deux paires de jambes ravies…
la troisième paire présente sur ces photos a dû à son grand regret se contenter d’un jean du commerce parce qu’elle a une mère absolument indigne qui ne lui a pas cousu de jeans pour l’occasion.
Gageons que cela viendra sous peu et que bientôt c’est elle qui se lancera dans ses premiers patrons Pauline Alice !
En attendant, nous nous sommes contentées de lui prêter nos chapeaux!
Je suis désolée de poster de manière si espacée…ce n’est pas faute de coudre moins (j’ai trois ou quatre articles en attente ou très en retard mais j’ai eu quelques problèmes techniques avec le blog que je viens à peine de régler).
Je vous embrasse et vous souhaite une rentrée sur les chapeaux de roue, parce que….j’aime bien les chapeaux…tiens !
Très bel article et superbe série de photos ! Merci !
Mais comme c est beau par ici. J adore votre univers
Bravo les filles ! Vos réalisations sont top et j’adore vos photos 🙂
Quel plaisir de vous relire ! Les pantalons sont superbes et me donnent envie de me lancer…
Chapeau Mesdames !! Bon, ok elle est facile celle-là !!
Quel plaisir de vous lire et de voir de si belles photos de ce très joli trio !!!
Quel plaisir de vous lire à nouveau. Les photos sont un délice. Je me suis aidée de vous articles pour coudre sureau et indécise. Port fera peut être partie de la liste! Je ne doute pas de vos projets couture pour votre choupinette qui à bien de la chance!
La coupe du pantalon est top, j’aime beaucoup son style pour une tenue décontractée et une allure harmonieuse. Bravo Pauline ! Vous êtes superbes les filles…et surtout la choupinette que l’on aperçoit avec bonheur sur les photos. On en veut encore.(Bravo aussi au photographe !!)
Vous êtes splendides toutes les 3! Qu’est ce que ta fille est grande, deja! Quand je pense que je n’ai pas encore eu l’occasion de bisouter ses joues rebondies. J’espère que tout va bien!
Deux jolies interprétations et de belles photos !
J’ai tellement galéré lors de mes cours de coupe à plat sur la construction d’un chino sur mesure que je suis d’autant plus admirative du travail de Pauline 🙂
Quel plaisir de te lire !
Les photos en duo (et trio :)!) sont magnifiques !
Quelle plaisir de te retrouver, toi, ta belle prose et tes réalisations toujours très sympathiques et détaillées !!! je vais passer mon tour pour ce patron, le style boyish ne m’allant pas du tout (merci mes hanches…) mais il faut vraiment que je fasse un patron de Pauline car ca a l’air de toujours être un régal ! Merci encore de tes retours toujours si complets…
Je retiendrais juste une chose ( parce que je veux occulter le fait que ta fille n’ait pas de paire de chaussure ) : si le tissu s’est détendu à l’usage, ton 36, il ne se serait pas transformé en 38 ?
Quel plaisir de retrouver un nouvel article sur ton si joli blog! Je suis sous le charme de ces trois paires de jambes… Vous avez fait des Port magnifiques, dotés d’un esprit « masculin/féminin » que j’affectionne énormément. Quel joli choix que le Denim, les marinières et les chapeaux! C’est sur, Port est sur ma To do list, et je ne vais pas tarder à lui faire un sort
Le texte et aussi beau que la photographie dans ce billet. J’adore ces classiques: marinière + pantalon en denim à la garçonne. Vous êtes à croquer!
Quel plaisir de te relire !!! De jolies phrases, de jolis mots, de belles réalisations, de belles photos.. Bref tout est un régal !!! Merci … Et merci aussi pour toutes tes indications qui me seront utiles semaine prochaine 🙂
Très joli duo (même trio). Je suis contente de te lire à nouveau. Les photos sont sublimes, les textes nous font rêver, les explications sont limpides et les coutures parfaites. Tu nous inspires. En lisant tes articles, nous rêvons de devenir un jour aussi experte que toi. Merci et bravo ! (ton petit bout de choux est trognon !)
Que j’aime tes articles Annie !! Je ne me lasserai jamais de ta plume. Vous êtes superbes les filles !!
Un avis très convainquant, je me sentirais presque capable de me coudre ce jean , je vais y réfléchir …
Vos pantalons sont très beaux !
Ce n’est pas parce que tes articles sont moins fréquents que nous ne nous délectons pas de les lire, toujours bien détaillés et jamais trop longs !
Très belles versions de ce nouveau sublime patron !!
Bravo à toutes les deux !
Ce pantalon est canon mais pour ma part, je n’aurais pas eu l’idée de le faire en jean…plutôt un twill de couleur, du velours etc…
Et tu ne précises pas si votre tissu contient de l’élasthanne (ce qui expliquerait le fait qu’il s’agrandisse en le portant).
Bref, c’est un bon basic de tous les jours qui a plus d’allure je trouve qu’un slim! Bravo! Béné
J’adore ! Très bonne idée d’utiliser un denim 😉 pour ma part j’en ai un en cours en gabardine bleu marine… Parfait avec une marinière me diras-tu 🙂 Ravie de te retrouver un peu par ici…
Sublime. Ton blog est toujours aussi inspirant. Je te retrouve avec plaisir.
J’ai pris ton cours sur Artesane et j’en suis super contente.
Merci de dépoussiérer et de rendre la couture accessible.